Comme souvent lorsqu'on trainait avec des Serpentards « digne de l'être », j'avais droit à une place VIP aux multiples persécutions que mes camarades infligeaient aux autres élèves de Poudlard. Qu'ils soient de simple premières années des trois autres maisons, de pauvre sorciers seulement nés de parents sans pouvoirs magiques, ou de simple souffres douleurs, tous baissaient les yeux devant des Serpentards comme... nous et ceux qui osaient se rebeller en prenant pour leur grade plus qu'ils pouvaient le mériter. Moi, je restai simple spectateur, préférant ne pas me mêler de ça. Je faisais seulement de simples sourires forcés si l'un de mes « amis » me lançait un regard triomphant ou bien un sourire fier et amical, croyant que j'approuvais sans pitié tout cela. Tous le croyaient. Pourtant, c'était plus que faux. Je n'avais pas beaucoup de pitié certes, puisque je ne les aidais pas, préférant être tranquille moi-même que de faire un acte de bravoure. Haha ! Comme si c'était mon genre d'être brave. Je n'avais pas atterri chez les Gryffondors, et c'était bien pour quelque chose ! Comme beaucoup de Serpentard, je n'étais pas particulièrement solidaire, mais plus de part mon côté introverti qu'autre chose.

" Lances lui un sort marrant, Théo ! "

Je regardais en haussant un sourcil mon camarade en maintenant un pauvre et frêle première année malheureusement sur le chemin de mes « chers amis », sur les genoux en le tirant par les cheveux. Je ne connaissais pas son nom, mais d'après son blason, c'était un Poufsouffle. Ils n'étaient pas très populaire les Poufsouffles. Peut-être à part Cedric Digory, mais ça faisait un baille qu'il avait quitté Poudlard pour la vie active, au grand malheur de ses plus jeunes camarades blaireaux. Pour ne pas éveiller les soupçons, un sourire en coin apparut sur mon visage halé.

" Je te fais confiance. Tu seras plus doué que moi pour ça. J'ai du travail pour demain. "

Je fis un signe à tout ce petit monde, n'osant regarder une dernière fois ce pauvre gamin dans les yeux. Je quittai alors le couloirs, voyant alors peu à peu le soleil de coucher derrière les vitraux. J'avais très vite perdu mon sourire. Il n'était que mensonge, tout comme l'excuse que j'avais un travail un faire. Comme si je faisais les choses à la dernière minute. Franchement, ce n'était pas du tout mon genre. Il n'y avait que les idiots pour ne pas comprendre la supercherie. Tout ça pour dire qu'au lieu de me rendre à la salle commune, je préférais monter les escaliers en colimaçon menant à la tour d'Astronomie. J'avais besoin de m'aérer l'esprit, et à cette heure, ce n'était pas vraiment le moment de sortir dehors. Nous n'étions pas prêt du couvre-feu, loin de là, mais bon... Puis de toute façon, je ne craignais le couvre feu. Etant le Préfet en Chef de ma maison, je n'avais pas à respecter le couvre-feu, ou plutôt... j'avais une excuse pour ne pas le suivre.

J'arrivais enfin sur les lieux. J'étais bien content de me retrouver seul. J'en avais bien besoin. Peut-être parce que je ne voulais pas que l'on me voit dans cet état :


Ça se sentait dans ma voix ; j'étais plutôt énervé. Je n'étais pas du genre à hurler ou à faire un esclandre lorsque j'étais de mauvais poil, mais il m'arrivait de temps en temps de hausser le ton après tout. J'étais comme tout le monde. J'avais mes jours sans, et mes jours avec. Aujourd'hui, je devais avouer que c'était un jour sans, un jour où je n'avais pas le coeur à mentir, mais surtout à y prendre du plaisir. Quelque fois, j'aimais me dire que si je faisais ça, c'était pour être tranquille, et ça m'aidait à apprécier mes efforts. Malheureusement, ce n'était pas toujours le cas, et en ce moment, ça faisait un moment que ce n'était pas le cas. C'était sûrement parce que je n'arrêtais pas de penser à ce foutu Bal qui approchait à grands pas ! Bon sang... penser à Hermione Granger m'empêchait sérieusement de bien jouer mon rôle. J'en avais de plus en plus de culpabilité, de frustration à ne pas parler de ce que je pensais vraiment de tout ça...

Je m'agrippai à la rambarde dans un geste violent en poussant un profond soupir tout en baissant la tête lorsque je m'affaissai par fatigue. Pas une fatigue physique, non... j'étais mentalement fatiguer de toujours mentir. Malheureusement, mentir servait à ma survie dans cette école et au sein de ma famille...

Soudain, je me redressai en entendant un bruit derrière moi. Ce que je vis ne m'aida pas à aller mieux.

Je me redressai d'un seul coup, comme programmer pour être le Serpentard fier et hautain que je devrais être, pour ensuite me tourner vers elle en prenant mon temps. Malgré le pincement que j'avais au coeur à fixer Anastassia dans les yeux, j'affichai un sourire en coin.

" Toujours le mot pour rire Dezrodnova. "

Ce qui était vrai. Anastassia avait toujours eu une répartie à toutes épreuves. C'était sûrement une des raisons pourquoi j'aimais tant passer du temps avec elle autrefois. Moi qui était plus que réservé, dans la limite de l'introversion, elle était celle qui me complétait. On aurait fait une telle paire tous les deux que ça me faisait regretter tous les jours d'avoir été obligé de la rejeter.

Je pourrais très bien m'en aller, éviter les problèmes avec elle, comme je le faisais depuis des années déjà, mais comme je l'expliquais précédemment, je n'étais pas d'humeur à continuer à mentir. J'aimais tant la tranquillité que ça me bouffait de l'intérieur. Je devais l'avouer, être tranquille avec mes camarades Serpentards et surtout avec ma famille ne me rendait pas plus heureux. Je m'en étais réellement rendu compte lorsque j'eus accepté de tendre mon bras à Hermione Granger au Bal du Printemps qui approchait. Cette idée fut la cause de ma première véritable sensation de bonheur. J'avais beau avoir une vie simple et calme comme un petit court d'eau dans une forêt sans mouvements, je ne cesserais de vouloir glisser sur un torrent de rapides. Hermione avait beau être ce qui mettrait le plus de mouvements de mon court d'eau, Anastassia en serait sûrement tout aussi capable. Elle serait capable de me donner une amitié qui me rendrait réellement heureux.

Je perdis mon sourire pour arborer un air grave, cet air autoritaire qui faisait toute ma réputation de puissant et respecté Serpentard au Sang Pur. Je continuai à fixer du regard la belle jeune femme qu'était devenue mon ancienne amie. La Serpentard avait beau être la petite princesse au Sang Pur de Russie, elle était très loin de la beauté courante de son pays froid, où les femmes étaient généralement de belles blondes au teint de porcelaine. Malgré ça, Anastassia était devenue plus belle que j'aurais pu l'imaginer lorsque nous arrivions tous les deux à Poudlard pour la première fois. Peut-être à cause de mon récent intérêt pour la gente féminine ne datant que depuis presque un an.

Je poussai un soupir en détournant mon regard pour ne nouveau regarder l'horizon. Le couvre-feu approchait à grands pas, ou était-il déjà passé ? Je ne préférais pas regarder l'heure. Je ne comptais pas la sanctionner pour cette raison, malgré mon statut dans cette école. Premièrement parce que je n'avais pas intérêt à faire perdre des points à ma maison même pour attirer des ennuies à la « Traite à son Sang », et deuxièmement, elle m'avait déjà assez dans le nez comme ça pour en rajouter.

La Lune était déjà haute dans le ciel, dominant les étoiles de part sa splendeur. Elle avait beau ne pas être pleine ce soir, elle brillait de mille diamants se reflétant sur la surface de l'eau du Lac Noir. Dans une fraction de seconde, je me demandai si le Calmar Géant pouvait admirer les cieux ainsi immergé dans l'eau fraiche de cette soirée.


Je repensai alors au fait qu'elle m'ait entendu hurler mon désarrois pour mes « amis » Serpentards. Est-ce qu'elle se doutait de quelque chose ? Non... sûrement pas. Vue comme elle venait de me parler, avec une telle dureté dans sa voix, sa rancœur traduisait parfaitement son ignorance à mon sujet. « Tant mieux. » pensai-je sans beaucoup de conviction.

" Toujours le mot pour rire Dezrodnova. "

C’était vrai. Elle avait une répartie à toute épreuve. Mais il n’était pas en reste non plus. Elle le vit perdre son insupportable sourire en coin, commun à tous les Serpentards un peu charismatiques, pour afficher un air grave. Que pouvait-il se passer dans l’étrange cervelle de Mr Nott ? Cervelle qui lui apparaissait de plus en plus étrange. Son camarade était un vrai mystère, d’abord il devenait un Casanova du jour au lendemain ensuite il acceptait d’aller au bal avec Hermione, une Gryffondor née-moldue, c’est-à-dire une personne qu’il devait détester en bon Sang-Pur. Il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond chez lui ! Et elle espérait juste que Hermione n’en subirait pas les conséquences.

Il soupira et détourna son regard. Se rendait-il compte qu’en allant au bal avec une Née-moldue il allait se mettre à dos tous ses amis ? Que lui, le fier Nott, allait devoir apprendre à supporter les chuchotements dans son dos, les coups-bas et l’hypocrisie ? Son nom ne le protègerait pas assez pour qu’il y échappe. A moins que tout ceci ne soit qu’un moyen d’humilier la Gryffondor… Même si son amie n’avait pas besoin d’elle pour se défendre, Anastassia ferait payer à Nott tout le mal qu’il ferait à Hermione. Elle n’était pas à Serpentard pour rien et ne reculait devant rien pour atteindre son but, même si ce but était plus digne d’une Poufsoufle que d’une Serpentard…

" Si tu ne viens que pour m'insulter d'idiot, je crois que tu peux t'en aller. "

Le ton sec la fit sourire. Elle ne se souvenait pas très bien de Nott Senior mais elle aurait mis sa main au feu qu’il avait exactement le même ton. Si il croyait l’impressionner cet idiot en lui parlant ainsi, il se mettait le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Ce n’était pas parce qu’il était Préfet-en-Chef qu’elle allait lui obéir. Il pouvait bien la dénoncer ou lui retirer des points… Elle n’était plus à une retenue près et la Coupe des Quatre Maisons ne l’intéressait pas plus que ça.

« Et moi qui était venue ici avec le fol espoir de pouvoir te traiter d’idiot ! »

En disant cela avec une voix mièvre, elle s’était mise à battre exagérément des paupières et à le regarder de manière faussement enamourée. Une fois son numéro terminé, elle tira sur sa cigarette et lança un regard narquois à son camarade. Il était ridicule à croire que lui seul avait besoin de calme. D’ailleurs en avait-il réellement besoin ? Après tout il avait une vie tranquille. Personne ne chuchotait sur son passage, il ne devait pas affronter chaque jour les remontrances de sa famille, on ne venait jamais le déranger pour rien. Quoi que elle non plus on ne venait pas la déranger, mais les raisons étaient différentes.

Elle soupira doucement. Toutes ces idées de Sang-Pur, Sang de Bourbe et Traître à son sang étaient ridicules de toutes façons. D’ailleurs puisqu’il était là autant essayer d’en savoir plus sur son comportement face à Hermione…

« J’ai appris que tu étais le cavalier d’Hermione ! Tu ne fais plus dans le panurgisme ? »

Dans ta face ! Elle n’avait pas l’intention de l’épargner pour la simple raison qu’il semblait changer de comportement ! Elle ne croyait pas à la rédemption d’un Serpentard. Il était comme les autres et le naturel allait revenir au galop. Ce n’était pas parce qu’il allait au bal avec une née-moldue et qu’il traitait ses amis d’idiots qu’il ne redeviendrait pas au bout de quelques mois le Nott insupportable et suiveur.

Je ne préférais pas répondre. Je me contentai de soupirer, pile au même moment où un nuage de fumer de cigarette me passa sous le nez. Je grimaçai un instant toujours en regardant l'horizon, qui s'assombrissait jusqu'à ne plus voir plus loin que l'enceinte de Poudlard. Je ne fumais pas, mais d'ailleurs, je me demandai bien pourquoi. Peut-être mon côté introverti m'ayant pousser à refuser les invitations à commencer juste pour pouvoir m'en aller et rester seul ? Ouais, c'était sûrement ça. Sinon, je n'étais pas contre, d'ailleurs... j'avais déjà fumé plusieurs fois dans ma vie. La première fut dans un moment de désespoir, j'avais piqué une cigarette à mon père, qui avait sûrement commencé à la mort de ma mère. Je parlais de moment de désespoir, mais c'était un bien grand mot ! J'étais juste fatigué, comme un soir comme celui-ci, à vivre le quotidien d'un Sang-Pur, fier à son sang ; quelqu'un que je n'étais pas.


Je me retournai d'un seul coup à cette question. Fixant Anastassia d'un regard interrogatif, étonné qu'elle sache cela. Je la regardais me regarder avec dureté, sa cigarette à la main, en envoyant sa fumer vers moi sans gêne. Cela me rappela qu'elle était proche d'Hermione, et que c'était justement pour cette raison que j'avais dû couper les ponts avec elle, cette Serpentard qui pensait comme moi, qui pouvait me comprendre. Je finis par froncer des sourcils, qui donnait plus un air agacer à mon expression. Elle cherchait juste à m'ennuyer, mais aussi à être sûre que son amie ne se retrouve pas dans de sales draps avec moi. Oh... si elle savait... si elle savait à quel point je serais incapable de faire du mal à Hermione Granger délibérément.
Je réajustai le col de ma chemise avant de dire en détournant le regard :

" C'est elle qui m'a supplié. Ça m'a soulé, j'ai fini par accepter. "

Il y avait tellement peur de conviction dans ma voix, pourtant je savais parfaitement mentir. Ma voix fut plus claire que de l'eau de roche, et j'alignais les mots sans difficultés, sans montrer d'hésitations. J'étais juste définitivement neutre dans mes paroles, au lieu de montrer de l'agacement comme je devrais montrer dans une telle situation, j'en parlais comme si je parlais du temps qu'il faisait. Pourtant, mon cœur battait à tout rompre sous ma poitrine. Je pris une nouvelle fois en main, la rambarde, comme sur le point de tomber à la renverse. J'avais le regard baissé, jusqu'au moment où j'ajoutai en la fixant du regard :

Ma voix grave était dure et froide comme de la glace. J'étais réellement agacé, agacé d'être toujours obligé de chercher des explications, chercher des mensonges pour tout ce que je faisais. Est-ce qu'un jour j'allais être enfin tranquille ? Est-ce qu'un jour, on arrêterait de s'occuper de mes affaires ?